🇲🇬 Le web passe des passionnés aux professionnels à cause des moteurs

Au milieu des années 1990, quand internet a fait irruption dans la vie des Français, vous écoutiez les Spice Girls, vous jouiez à Tetris sur votre Gameboy et vous alliez découvrir Titanic au cinéma. Vous aviez peut-être déjà internet et les pages que vous visitiez n’avaient pas été créées par des passionnés du design, souvenez-vous. Et si vous étiez trop jeune pour vous souvenir, jettez un œil au site du Monde le 26 mai 1998*.

Les sites Ă©taient tout sauf ergonomiques, ils Ă©taient pleins de couleurs criardes et d’effets clignotants. Mais vous Ă©tiez dĂ©jĂ  content de surfer sur le web. Il y avait peu d’informations disponibles mais la lenteur de votre connexion vous permettait heureusement de vous en contenter. 

A l’époque, les webmasters avaient d’autres chats à fouetter que de s’occuper de la rédaction web.

Ils étaient trop occupés à créer des bannières clignotantes. Il n’y avait pas de référenceurs et encore moins de rédacteurs web.

RĂ©sultat, on ne se prenait pas la tĂŞte : on copiait simplement les Ă©crits papiers au format numĂ©rique. Les sites ne rĂ©pondaient Ă  aucun standard web et le seul langage qui existait Ă©tait le HTML.

Mais ne vous mĂ©prenez pas : le contenu disponible Ă©tait qualitatif et pertinent puisqu’il fallait s’y connaĂ®tre en langage HTML pour publier ou ĂŞtre un grand site d’information. 

Seulement pour lire, il fallait s’accrocher Ă  votre Ă©cran. Le contenu Ă©tait compact, interminable, avec peu ou pas de paragraphes, pas d’images (elles mettaient trop longtemps Ă  charger pensez-vous !).

Les contenus étaient uniquement factuels, scientifiques et peu de place était laissée à la créativité à part peut-être dans les polices d’écriture et les couleurs flashy utilisées…

Dans les annĂ©es 2000, alors que vous achetiez votre premier Nokia 3310, que vous regardiez Charmed et Buffy dans la trilogie du samedi et que vous dĂ©couvriez Avril Lavigne, de plus en plus de foyers se connectaient Ă  internet. C’est la naissance du web 2.0 selon la formulation rendue cĂ©lèbre par Tim O’Reilly, essayiste et entrepreneur irlandais (vous l’auriez devinĂ© !) ayant Ă©migrĂ© aux Etats-Unis pour devenir Ă©diteur d’ouvrages informatiques*.

C’est une rĂ©fĂ©rence au sein de la communautĂ© World Wide Web. On assiste aux dĂ©buts de Wikipedia en 2001, des sites de petites annonces, des rĂ©seaux sociaux et des blogs. Les internautes s’informent de plus en plus auprès de blogueurs rĂ©putĂ©s et donnent leur avis dans les commentaires, ce qui n’était pas possible avec les mĂ©dias traditionnels. Ils peuvent aussi raconter leur vie sur la toile Ă  travers des blogs personnels.  

Les éditeurs de site prennent alors conscience de l’importance de la présentation et de la mise en forme des contenus. Les premières études sur la lecture sur écran font leur apparition et le développement de l’eye tracking permet d’améliorer l’ergonomie des sites internet et des contenus écrits.

On se base alors sur l’écriture journalistique pour définir les premières règles de la rédaction web. Les phrases sont plus courtes, les contenus plus aérés, les titres deviennent explicites et incitatifs, des images sont ajoutées, les typos sont rendues plus lisibles pour les écrans, les mises en gras et en italique sont réservées aux éléments importants, les liens hypertextes sont rendus clairement identifiables.

Le référenceur web fait son apparition et utilise Google, déjà premier moteur de recherche écrasant la concurrence, pour essayer d’apparaître le premier dans les moteurs de recherche.

Ce sont les dĂ©buts du SEO, « mode bourrin Â» activĂ©.

Le but du jeu Ă  cette Ă©poque Ă©tait de placer le maximum de mots-clĂ©s dans un minimum de texte. C’est aussi l’ère des pages et des pages de liens avec l’URL Ă©crite en entier. Les gens payaient pour avoir leur lien dessus ! Les articles Ă©taient Ă  faible valeur ajoutĂ©e pour monter toujours plus haut dans les rĂ©sultats de recherche Google.

Les premiers « rĂ©dacteurs web Â» se pliaient aux exigences des rĂ©fĂ©renceurs et jouaient le jeu du keyword stuffing (c’est-Ă -dire le bourrage de mots-clĂ©s). Heureusement cette ère prend bientĂ´t fin et permet une professionnalisation du mĂ©tier de rĂ©dacteur web SEO. 

*En savoir plus : 

Version : 2.0
Dernière mise à jour : Septembre 2022

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