C’est en soi une très bonne manière de dépasser le syndrome de l’imposteur. Le seul problème, c’est que, dans notre métier particulièrement, cette méthode est vaine pour une raison très simple : notre métier n’existe pas.
Au même titre qu’on dit qu’il n’y a pas un internet, mais des internet, il n’y a pas un métier de rédacteur web, mais plusieurs.
Lorsqu’on se juge imposteur, il faut se demander par rapport à qui.
Finalement, quel est l’indicateur qui nous montre que nous sommes ou non un imposteur face à d’autres, plus légitimes ?
La réponse est oui.
Oui, mais aucun de ces critères ne le prouve. Pourtant, pour vous, la valeur de ces rédacteurs est fondée.
Et ça devrait vous questionner.
Nous travaillons dans la communication écrite. Nous sommes les petites plumes du web. Nous sommes aussi générateurs de leads, accélérateurs de conversions, stimulateurs d’échanges, fabricants d’images de marque, transmetteurs de valeurs, lieurs d’humains.
Tirons-en quelques leçons utiles…
C’est notre métier de convaincre les autres ! Encore heureux que nous sachions le faire ! Il faudra apprendre à différencier la preuve de la communication. Quels contrats a fait la personne que vous trouvez légitime ? Quelles preuves avez-vous de ses réelles compétences dans le cadre d’une mission ? Est-il reconnu parmi les clients ? A-t-il une réputation au-delà de son cercle d’influence ?
« Fake it Until you’ll make it », comme disent les marketeux.
On pourrait se contenter de la satisfaction de notre client, mais j’aime à rappeler qu’il n’est pas rédacteur web. Il n’a en réalité aucune idée de pourquoi ce que nous faisons est bien pour son affaire. Ne lui demandez pas son avis sur les textes que vous produisez pour lui. Lui, il n’est qu’un lecteur parmi d’autres lecteurs. Pas plus expert sur cette question. Et pour peu qu’il ne corresponde pas à la cible que vous visez pour lui, il vous dira que votre travail est mauvais.
Face à cela, il faut des arguments. Comment savez vous que vous avez bien travaillé ?
Le fait même que vous ne sachiez pas répondre à ça vous met automatiquement dans l’idée que vous êtes un imposteur… Vous devez identifier les indicateurs de qualité de votre travail.
À ne surtout pas confondre avec la modestie, l’humilité consiste à connaître sa valeur, indépendamment de toute autre comparaison.
« Si vous savez faire des crêpes, vous savez faire des crêpes. Il y a peut-être des meilleures crêpes et peut-être des moins bonnes crêpes mais cela n’enlève rien au fait que vous savez faire des crêpes. »
Un crêpier
Il en va de même pour les contenus que vous produisez. Avez-vous une maîtrise, un contrôle sur l’effet que produisent vos textes ? Tiennent-ils leur engagement ? Pouvez-vous dire « je sais faire de bonnes fiches produits ». Si c’est le cas, vous n’aurez jamais à vous sentir imposteur sur les commandes de fiche produit. Soyez humble, mais surtout soyez fiable.
Si votre client peut compter sur vous, vous ne serez jamais un imposteur à ses yeux.
Le corps humain est ainsi conçu, et quasiment toutes les espèces mobiles font de même. Pour se déplacer, il faut partir d’un statut d’équilibre et se mettre en déséquilibre pour retrouver un nouvel équilibre plus loin.
Vous allez faire de même dans votre carrière. Vous partez de ce que vous savez faire, et vous tentez quelque chose que vous n’avez encore jamais fait. Puis vous acquérez ces connaissances et vous retrouvez un nouvel équilibre, plus haut. Il y a un temps dans ce déplacement pendant lequel vous n’avez pas été légitime, mais ce temps fut d’apprentissage. Comprenez que c’est ainsi qu’on progresse. Tout le monde. Toujours.
C’est la chose qui m’étonne sans doute le plus dans notre domaine. C’est aussi sans doute pour ça que j’y suis autant attaché. Au même titre que “il n’y a pas de grands hommes” selon les dernières paroles de l’archevêque de Paris qui confessa les puissants de ce monde toute sa vie, aucun rédacteur que je connais ne se sent réellement légitime. Ceux que vous reconnaissez comme tels ont simplement réussi à contourner la question.
Ils se disent simplement : “je gagne ma vie de cette manière”.
Vous les voyez sûrs d’eux parce qu’ils ne se mesurent pas à quelque chose d’impossible. Je vous rappelle, au cas où ça vous a échappé, que notre métier ne contient aucun corpus commun à tous les rédacteurs web. Vous ne trouverez personne qui fait unanimement référence. Chacun suit son propre chemin. Vous vous comparez à l’ombre de gens qui ne se comparent à personne. La défaite est assurée face à quelqu’un qui ne joue pas.
Je vous recommande donc de vous comparer davantage à la personne que vous étiez hier.
Vous évoluez dans cette formation, par exemple, et la personne que vous étiez hier trouverait sans doute la personne que vous êtes aujourd’hui plus légitime qu’elle.
Et croyez-moi, c’est comme ça que ça se passe. Les gens qui se comparent à d’autres n’ont aucun point de référence pour mesurer leur progression.
Pour résumer, personne ne se sent légitime et tout le monde l’est. Ce ne sont que de belles images et de la poudre aux yeux.
Par la preuve et la progression, chacun est légitime sur son propre chemin, pour peu qu’il porte un regard juste sur là où il en est réellement.
Se penser légitime ou imposteur, c’est surtout ne pas se demander à quoi on sert.
On cherche de la reconnaissance là où on devrait chercher de l’efficacité.
Si vous savez juste bien écrire : faites un travail de remplissage.
Si vous connaissez un peu le SEO, vous aurez des petites commandes de contenus simples qui vous paieront correctement.
Si vous maîtrisez le marketing, ça signifie, et on n’y pense pas assez, que vous vous passionnez pour la communication de vos clients et que vous vous battez pour qu’ils réussissent.
Si vous concevez des sites, vous voulez sincèrement que ceux-ci marchent pour vos clients.
À chaque niveau, il y a une motivation propre au rédacteur et à son chemin. Il souhaite que ses textes servent, soient lus et que son client réussisse, à sa manière.
Et s’il progresse chaque jour vers ce but, il est sur son chemin à lui.